Enseignement

Je vais commencer à pratiquer un peu avec mon ami et conjoint, qui sera mon élève dans sa pratique. Nous allons y aller tout doucement, progressivement. Autant c’est un virtuose de la musique, autant son corps a subi 3 opérations : au genou, au pied et il y a 10 mois, la pose d’un filet pour les hernies inguinales. Alors, c’est vrai que son corps est rigide. Mais il a fait du yoga avant l’opération des hernies, et cette pratique lui est familière. Je vais insister pour qu’il s’écoute pour surtout ne pas forcer sur ses articulations, pour qu’il demeure à l’écoute tout en tentant néanmoins d’effectuer les exercices doucement, doucement… Je mettrai un feed-back ici afin de finaliser ce billet.


Quelques heures plus tard:


Retour donc sur l’expérience. Nous n’avons pas encore fait de yoga ! Nous avons reporté la première séance de cours à demain. Mon conjoint désirait savoir comment je gérais les élèves « difficiles ». En tant que couple nous parlons très franchement et parfois dans nos débats nous montons le ton, cela arrive ! Alors je crois qu’il s’inquiète de savoir si je suis capable d’être calme en toute situation. C’est excellent ! Nous avons donc pris le temps d’imaginer une scène ou un élève vient vers moi avec une intention claire de me déstabiliser, de me remettre en question devant le groupe, de questionner ma crédibilité. Mon ami me connaît bien, et il est vrai qu’en temps que professeur de musique, il a beaucoup enseigné et connait bien ces situations.
Nous avons donc imaginé un élève qui me confronte en disant « oui mais moi j’ai déjà beaucoup étudié le yoga, et la manière dont vous respirez dans cette posture, c’est pas juste, parce que un professeur très fameux avait dit que… etc. »
Je lui ai présenté la manière dont je gérais ce genre de petite « confrontation », en restant calme, et expliquant ma vision, reprenant le bon sens de vos propres explications à vous, cher Maître, expliquant que lorsqu’il y a compression ou torsion, il est difficile d’inspirer, et que donc l’expiration se fait mieux dans les postures de torsion ou compression. J’ai expliqué non pas avec une théorie longue, mais en montrant sur moi. Patrick a continué en mimant que l’élève n’étais pas satisfait ; cet élève imaginaire continuait à « ronchonner » en disant que ma manière d’enseigner était sans doute bien mais que vraiment, ça se faisait pas comme ça et que c’est dangereux de faire ça, etc. Patrick voulait voir comment je « cadrais » les élèves mettant en péril la séance en groupe. J’ai donc, au bout d’un moment, proposé à l’élève imaginaire soit de rester et d’essayer de suivre mes conseils, soit pourquoi pas qu’il aille faire un cours avec cet autre professeur qu’il semble bien apprécier. Patrick à mimé que l’élève dit qu’il a payé et donc qu’il reste. Waou. Donc ça continue. Cet élève imaginaire perturbe le cours, empêche les autres élèves de recevoir mon enseignement, donc je demande à cet élève d’avoir la gentillesse soit de se taire soit de quitter le cours, sur un ton un peu plus ferme. L’élève imaginaire refuse en bloc. J’essaie la variante de l’ignorer, mais il fait du bruit, il ronchonne, il dérange toujours le cours. Je me lève donc, gentiment, et vais vers lui. Je lui demande cette fois fermement de quitter la classe car cela perturbe le groupe, et que nous pourrons parler lorsque le cours sera fini s’il le souhaite.
Notre expérience s’arrête là, et nous débriefons de ce qui s’est passé. J’ai été assez calme, et je me suis vraiment appuyée sur mon désir d’enseigner, et de ne pas créer de violence, mais bien celui de clarifier sereinement mais fermement, sans tomber dans un excès de gentillesse qui aurait aussi été dangereux pour moi-même et le groupe. Mon ami me dit que pour lui, un élève aussi « chiant » ça n’arrive presque jamais, mais qu’il faut y être préparé aussi !

Je me réjouis d’avoir votre retour et votre avis sur cette expérience.

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I will start a little practicing teaching with my friend and spouse Patrick, who will be my student in his practice. We will go slowly, gradually. As much as he is a musical virtuoso, his body has undergone 3 operations: on the knee, on the foot and 10 month ago a surgical intervention to put a net for inguinal hernias. So, his body is a bit actually inflexible. But he did yoga before the hernia surgery, and this practice is familiar to him. I’m going to insist that he listens to himself, above all not to force his joints, so that he remains attentive while nevertheless trying to perform the exercises slowly, gently… I’ll put a feedback here in order to finalize this post.


A few hours later:

Back to the experience. We haven’t done yoga yet! We have postponed the first class session to tomorrow. Patrick wanted to know how I handled “difficult” students. As a couple we speak very frankly and sometimes in our debates we raise the tone, it happens ! So I think he worries about whether I am able to be calm in any situation. It’s excellent ! So we took the time to imagine a scene where a student comes towards me with a clear intention to destabilize me, to question me in front of the group, to question my credibility. Patrick knows me well, and it is true that as a music teacher, he has taught a lot and knows these situations well.
So we imagined a student who confronts me saying “yes but I have already studied yoga a lot, and the way you breathe in this posture is not fair, because a very famous teacher had said that… etc »

I presented to him the way in which I manage this kind of small « confrontation », remaining calm, and explaining my vision, taking up the common sense of your own explanations dear Master; explaining that when there is compression or torsion , it is difficult to inspire, and that therefore the expiration is done better in postures of torsion or compression. I explained not with a long theory, but by showing on me. Patrick continued by mimicking that the student was not satisfied; this imaginary pupil continued to “grouch” by saying that my way of teaching was undoubtedly good but that really, it was not done like that and that it is dangerous to do that, etc. Patrick wanted to see how I “framed” the students jeopardizing the group session. So, after a while, I suggested to the imaginary student either to stay and try to follow my advice, or why not go take a lesson with this other teacher whom he seems to like. Patrick mimed that the student says he paid and therefore he stays. Wow. So it continues. This imaginary student is disrupting the lesson, preventing the other students from receiving my teaching, so I ask this student to be kind enough to either shut up or leave the lesson, in a slightly firmer tone. The imaginary student refuses outright. I try the variant of ignoring him, but he makes noise, he grumbles, he always disturbs the class. So I get up, kindly, and go to him. I ask him this time firmly to leave the class because it disturbs the group, and that we can talk when the class is over if he wishes.

Our experience ends there, and we debrief what happened. I was quite calm, and I really leaned on my desire to teach, and not to create violence, but rather to clarify serenely but firmly, without falling into an excess of kindness which would also have been dangerous for myself and also the group. My friend tells me that for him, such a “boring” student almost never happens, but that I have to be prepared for it too!


I look forward to your feedback and your opinion on this experience.

Picture : JW