Sur le lâcher prise et l’importance de ne jamais lâcher son rêve

Préambule

Souvent quand on parle de lâcher prise, il y a des aspects importants à préciser. Et ils sont de taille, parce que la méprise peut faire de tels dégâts, qu’il est vraiment important de les éclairer, et ceci, pour notre bien commun. N’y voyez aucune prétention; j’ai eu tellement de peine à écrire ces lignes; elles m’ont demandé 50 ans d’existence sur cette terre, j’ai dû tant me tromper, tant de fois tomber, me relever. Garder l’Amour, celui avec un grand A, le doré, le beau, le grand. C’est ça le sujet. Comme si le chemin est fait de ces petits cailloux pour retrouver une route mais qu’il manquait des liens importants. En voici quelques uns qui je l’espère vous aideront comme cela m’a aidée de les découvrir petit à petit.

Le lâcher prise, c’est l’acte noble de ne pas résister à ce qui ce passe. Alors certains pourraient y comprendre – et à juste titre – que si on est pêcheur, et bien qu’il faudrait lâcher le filet à poissons qui nous servait à nous nourrir, le laisser partir dans l’eau et le regarder s’en aller en respirant profondément. Mais non! C’est une méprise, il ne faut pas lâcher le filet quand on lâche prise, il faut relâcher la résistance des bras crispés sur ce filet à l’eau, il faut relâcher l’intention colérique et stressée d’attraper des poissons, il faut relâcher ce qui peut-être relâché sans rien « lâcher » de notre intention d’un jour, pêcher, si nous sommes pêcheur.

Un exemple encore : si vous faites de la varappe et que vous escaladez une montagne, que signifie lâcher prise ? Lâcher SA prise ? Surtout pas, sinon c’est vous qui mourrez ! Lâcher prise, signifie ici cesser de s’énerver, cesser de paniquer, cesser de croire à ce mental qui court en tout sens en vous signifiant le désespoir dans lequel vous vous trouvez, respirer et calmer ce tremblement dans les jambes en acceptant d’abord simplement le projet de vivre un moment l’incapacité que vous avez à continuer plus loin. Lâcher prise signifie lâcher la crispation, momentanément du moins.

En amour, dans une séparation, lâcher prise ne signifie pas lâcher l’amour, ce qui reviendrait à mourir de douleur, à offenser ce qui en nous, aime. D’ailleurs dans un deuil on ne peut renoncer à notre amour, on peut juste laisser le temps nous permettre d’y penser moins, et que cette douleur devienne moins intense peu à peu. Mais dans le cas d’une relation qui s’arrête, comment accepter de quitter l’amour? C’est impossible. Ce qu’il faut lâcher rapidement, c’est le rêve qui se faisait appeler Amour, comme le partage du quotidien, comme les petites habitudes à deux, comme toutes ces petites choses qui nous rassuraient avec tellement de sécurité. Et cela fait mal d’y renoncer, mais ce renoncement n’est pas le renoncement à l’amour que l’on porte à l’autre. L’amour que l’on porte à l’autre il ne disparait jamais, et il n’a pas à disparaitre, ce qui disparait c’est la possibilité de le partager et de le vivre au quotidien.

Et dans le yoga ? C’est dans la posture que nous allons devoir rencontrer ce lâcher prise, ici il se matérialise sous nos yeux sous la forme du mental résistant, sous la forme de ce mental qui vient nous pousser à vouloir progresser, à vouloir dominer la situation, à vouloir devenir cet athlète, à vouloir absolument arriver à faire ce que nous voulons. Il revient en hurlant que ça fait mal, que ça tire, que c’est impossible et qu’il faut abandonner.

Vous voyez à quel point il faut avoir de l’Amour pour ce mental car il œuvre toujours pour vous, pour préserver ce qui est beau. Mais il ne sait pas, il fait au mieux pour vous! Par exemple quand ça fait mal il veut que vous lâchiez, et quand c’est beau il veut que vous vous concentriez pour y arriver. Pourquoi vouloir s’y opposer en lâchant prise son mental ? Apprenez à le connaître. Le mental est votre ami, votre serviteur, mais c’est à vous, avec votre sagesse intérieure de le guider, de lui montrer ce qu’est bon de retenir et lâcher.

Et dans le yoga, lâcher prise signifie alors rester dans la posture, rester dans le yoga, rester en présence dans ce qui est là sans renoncer, sans abandonner, mais abandonner les croyances, et apaiser les cris de désespoir en nous qui nous disent « tu ne peux pas y arriver », ou « vas-y force un peu », mais d’entendre le cœur qui dit autre chose : « oui, tu le peux, oui tu peux y arriver ne t’inquiète pas sur cela, mais tu y arriveras autrement que de la façon que tu crois, fais confiance, respire, fais confiance ».

Et cette confiance, c’est quoi ? Et bien on ne sait pas, parce que la confiance, c’est une réponse qui vient quand on accepte de revenir dans le présent. C’est l’antidote, c’est le médicament à la résistance, dans tous les domaines. Faire confiance, signifie relâcher l’étreinte sans relâcher son filet. Relâcher la pression sans relâcher sa prise de grimpe, relâcher ce que nous avons cru nécessaire pour que l’amour existe dans cette relation, relâcher notre si bonne volonté qui veut absolument que nous plions ce muscle qui n’y arrive pas car il n’est pas prêt. Faire confiance, c’est écouter cette parole sage et profonde qui vient du fond de soi et qui sait véritablement quoi lâcher et quoi garder. Prendre ce recul en soi.

Juste relâcher l’étreinte et accepter de ne pas contrôler, un instant. Et contempler les larmes, contempler la colère, contempler ce qui se manifeste autour de la résistance. Sans relâcher le filet.


Ecrit par Marie le 23 mai 2023


Photo par Zinko Hein