Sur l’écoute

Voici une sorte de *charte de prudence » que je rédige pour mes élèves, suite au conseils avisés de mes proches.

Ecoutez votre corps. Je sais, c’est simple, évident. On écoute toujours son corps de façon naturelle. Sauf quand on étudie, car bien souvent, on nous a appris qu’apprendre, c’est reproduire ce qu’un professeur nous montre. Et la copie, c’est imiter le professeur, n’est-ce pas ? Mais lorsque l’on copie une formule de mathématique au tableau, ce n’est pas la même chose que recopier une posture de yoga ou de stretching. La formule de math qu’on recopie on la note sur une feuille ou un cahier. Mais dans le yoga, le cahier c’est notre corps, et notre corps n’est pas formaté comme le corps du voisin, ni comme celui du professeur.


L’histoire de votre corps

Chaque corps est unique. Chaque corps a ses propres qualités et forces, ses propres blessures aussi, sa propre histoire et sa propre configuration. Chaque corps a dû s’adapter aux aléas de l’existence. Chaque corps s’est débrouillé pour continuer sa route malgré des cicatrices parfois profondes. Chaque corps a réussi à trouver des stratégies pour nous permettre d’exister le plus simplement et agréablement dans ce monde. Et souvent, une intervention chirurgicale, une blessure ou une cicatrice devient un lieu ou le corps a dû « inventer » un stratagème pour nous permettre de quand-même continuer à vivre le mieux possible.
Ainsi, travailler à redresser quelque chose qui est courbé demande du respect, de l’écoute et du temps. Si l’on redresse d’un coup un membre raide, on le casse. Notre corps cherche toujours à nous aider alors soyons fraternels avec lui, soignons patients, prudents. Rendons-lui l’amour qu’il nous donne inconditionnellement.

Le temps et la répétition.

Si nous agissons pour aider notre corps en faisant du yoga, la première chose à se souvenir c’est que nous sommes responsables de notre bien-être. S’écouter, c’est entendre quand le corps dit « stop, je suis sur le point d’avoir mal, stop, ne va pas plus loin ». C’est l’entendre et revenir en arrière. Prendre sa défense même si à l’extérieur chacun fait mieux que nous. Nous en sommes là où nous sommes. Rester avec les limites de notre corps comme il est d’accord d’aller, c’est le plus sage. Pas plus. Pas moins.
J’ai appris grâce à mon professeur que nous pouvons revenir plusieurs fois sur un exercice qui nous semble difficile, plutôt que de vouloir absolument atteindre l’objectif en une seule fois. Car le temps et la répétition sont les meilleurs alliés pour notre corps.
Alors, lorsque nous étudions une posture, lorsque nous essayons d’exécuter une posture que le professeur nous montre, c’est important de d’abord penser à notre corps. Il faut le questionner, regarder ou il risque d’avoir mal. Regarder ou il risque d’être blessé. C’est plus important de s’arrêter là où il est prêt à nous accompagner que de le forcer, que de l’obliger à aller au-delà de sa propre capacité.


La tension et la douleur

La tension est un avertissement, la douleur est un cri de déchirure. Il ne faut jamais aller au-delà de la tension. La tension est le point limite, la ligne rouge à ne pas dépasser. Le corps est d’accord de vivre avec la tension, il accepte ce point ou il sait qu’il pourra réparer, soigner, guérir. Nous en profitons car grâce à cette tension, nous l’aidons à nous aider car il s’ouvre et permet à l’énergie de circuler, en un mot, il se guérit, s’épanouit.
Mais aller au-delà de la tension, c’est toujours un risque très grave de blessure. Alors écoutez votre corps. Pour chacun, la zone de tension est différente. Cette zone dépend de notre habitude de faire des mouvements, mais aussi de notre anatomie et de notre histoire.
Le corps est notre ami, notre meilleur allié. Lorsque l’on travaille avec lui, je vous invite à lui parler avec amour, avec gentillesse, avec sagesse. On peut bien sur lui donner du « grain à moudre », on peut le faire travailler, le stimuler, c’est formidable, c’est très bien, évidemment, mais cela doit se faire avec prudence, avec une infinie prudence. Et la prudence c’est de faire le maximum mais avec le pied sur le frein, avec notre oreille intérieure totalement alerte. C’est faire un exercice de tout son cœur mais avec la conscience et la faculté de revenir en moins grande tension à tout instant si nécessaire.


C’est se rappeler le juste équilibre entre trop et trop peu. Et cet équilibre, c’est cela que vous devez pratiquer tout seul ; votre propre écoute à vous-même.

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About listening

Here is a kind of *charter of caution » that I write for my students, following the wise advice of my close friend.

Listen to your body. I know, it’s simple, obvious. We always listen to our body in a natural way. Except when we study, because very often we have been taught that to learn is to reproduce what a teacher shows us. And copying is imitating the teacher, isn’t it? But when you copy a math formula on the board, it’s not the same as copying a yoga or stretching posture. The math formula that we copy is noted on a sheet or notebook. But in yoga, the notebook is our body, and our body is not formatted like the body of the neighbor, nor like that of the teacher.

Your body’s story

Each body is unique. Each body has its own qualities and strengths, its own wounds too, its own history and its own configuration. Each body had to adapt to the vagaries of existence. Each body managed to continue on its way despite sometimes deep scars. Each body has managed to find strategies to allow us to exist most simply and pleasantly in this world. And often, a surgical intervention, an injury or a scar becomes a place where the body had to “invent” a stratagem to allow us to continue to live as well as possible.
Thus, working to straighten something that is bent requires respect, listening and time. If you suddenly straighten a stiff limb, you break it. Our body is always trying to help us so let’s be fraternal with it, let’s be patient, careful. Let us return to him the love he gives us unconditionally.

Time and repetition.

If we act to help our body by doing yoga, the first thing to remember is that we are responsible for our well-being. Listening to yourself is hearing when the body says « stop, I’m about to have pain, stop, don’t go any further ». It’s hearing it and going back. Take his defense even if outside everyone is doing better than us. We are where we are. Staying with the limits of our body as it is agreed to go is the wisest thing to do. No more. Not less.
I learned from my teacher that we can come back to an exercise that seems difficult to us several times, rather than wanting to absolutely achieve the goal in one go. Because time and repetition are the best allies for our body.
So, when we study a posture, when we try to perform a posture that the teacher shows us, it is important to first think of our body. You have to question it, watch it or it may hurt. Watch or he may be injured. It is more important to stop where he is ready to accompany us than to force him, than to force him to go beyond his own capacity.

The tension and the pain

Tension is a warning, pain is a tearing cry. You should never go beyond the tension. The tension is the limit point, the red line not to be exceeded. The body agrees to live with the tension, it accepts this point or it knows that it can repair, treat, heal. We take advantage of it because thanks to this tension, we help it to help us because it opens and allows the energy to flow, in a word, it heals itself, flourishes.
But going beyond the tension is always a very serious risk of injury. So listen to your body. For each, the tension zone is different. This area depends on our habit of making movements, but also on our anatomy and our history.
The body is our friend, our best ally. When working with him, I invite you to speak to him with love, with kindness, with wisdom. Of course, we can give it some “grain to grind”, we can make it work, stimulate it, that’s great, that’s very good, of course, but it must be done with caution, with infinite caution. And prudence is to do the maximum but with the foot on the brake, with our inner ear totally alert. It is doing an exercise with all your heart but with the awareness and the ability to come back with less tension at any time if necessary.

It’s remembering the right balance between too much and too little. And this balance is what you must practice on your own; your own listening to yourself.

Photo par Ryunosuke Kikuno