Je viens de revoir le film « Saint-Jacques La Mecque » réalisé par Colline Serreau. Depuis mon premier visionnage il y a au moins 10 ans, j’avais gardé en mémoire les rêves majestueux et surprenants du film; sortes de tableaux vivants des songes nocturnes de certains des voyageurs; une mise en scène d’orfèvre qui nous offre à contempler un univers décalé, loufoque, grave et poétique; des paysages purs et silencieux qui sans mots dire viennent nous parler d’une autre voix, au plus profond de nous-mêmes.
En plus des fameux rêves, c’est un film touchant sur la résilience et la paix ; des frères et sœurs qui se détestent sont contraints par un événement particulier de voyager ensemble jusqu’à St Jacques de Compostelle durant plusieurs semaines, à pied. A leur grande marche, vont se joindre d’autres promeneurs, apportant avec eux leur lot de peine, d’humanité et de tendresse. Le film chante le comique pour aborder le grave, et nous rions de bon cœur en miroir à ces misères qui sont aussi bien souvent les nôtres; rejet, jugement, haine, combat, racisme, tristesse, solitude. Et puis au fil de la narration, il y a de la douceur, de l’amour, de l’innocence, de la paix, comme si la vie donnait d’autres chances, d’être autrement, tout le temps. L’histoire avance comme ça, nous faisant sourire de la naïveté de l’un et de la bouffonnerie de l’autre, pleurer de la peine de l’un et de la fraternité de l’autre; chacun à sa façon dévoile ce qui le rend fragile et beau. J’aime Colline Serreau car c’est une conteuse d’une grande sagesse, d’un humour délicat et joyeux qui sait me faire pleurer et rire en même temps. A la fin du film, mon cœur est rincé et frais.
Photo par Javardh