mon moteur de recherche favori

Depuis peu, lorsque je le questionne, mon moteur de recherche favori me fournit avant tous les résultats, une seule et unique réponse, géniale. Il me mâche le travail de plus en plus en petit.

Depuis le temps que je travaille dans le domaine du web, je pourrais dire que j’ai développé une sorte de diagnostic hyperrapide et assez global sur ce qui va et va moins bien  – parlons comme un docteur –  dans la création d’un site. Dans les quelques grandes mutations de mon métier, outre la disparition de flash, il y a eu l’invasion des premiers CMS qui ont littéralement colonisé la toile, puis avalé une grande part de l’ artisanal de nos métiers : Les couturiers que nous étions se sont mis à coudre des boutons.

Alors je me suis dit, bonne enfant : « Mais, qu’importe, toutes ces décorations, et vive le fond ! » D’ailleurs on peut toujours être couturier du web à notre époque, c’est simplement que l’artisanat a un prix. Avec tout cela, nous voyons aussi l’arrivée de l’IA. « ah… ça c’est le pompon. La cerise sur le clafouti sens-obsolescence des métiers ». Nous n’avons pas fini de rire (jaune) et de nous adapter. Et donc, il s’agit pour nous autres artisans du web, d’une nouvelle configuration de taille. Nous avons appris plusieurs fois, plusieurs langages, et à nouveau, nous devons faire table rase de certains acquis de notre métier.

Ce matin, je repensais à mon moteur de recherche favori. Je me souviens encore de ma bonne vieille sonate aux néophytes du siècle passé (comme moi).

– Bein si tu sais pas, demande à ton meilleur ami !

– ein? A qui?  me rétorquait-on.

Et moi, de me glousser fièrement : « et bien à ton moteur de recherche favori, quoi ! »

Mon moteur de recherche favori, c’est le meilleur ami de l’humanité.

Et voici ou je veux en venir ce matin : à mon moteur de recherche favori. THE moteur. N’est-ce pas. D’ailleurs, combien sommes-nous à chercher ailleurs? Ah je vais regarder sur mon moteur de recherche favori, tiens. On cherche dans la barre d’espace. Point barre.

Depuis peu, lorsque je le questionne, mon moteur de recherche favori me fournit avant tous les résultats, juste au-dessus, une seule et unique réponse. Certes efficace et géniale. Il me mâche le travail de plus en plus petit.

Les résultats de l’IA sont basés sur une masse de matière puisée – sans doute – dans les milliers de résultats du moteur relatifs au sujet recherché. Pour ceux que cela intéresse, mon moteur de recherche favori en parle ici.

Il n’y a pas si longtemps, quand on tapait une recherche dans mon moteur de recherche favori, nous tombions simplement sur des lignes de résultats et chaque ligne nous menait à un site internet proposé par un humain. Il n’était pas rare de tomber sur le site d’un amateur passionné de champignons, très bien documenté, juste à côté du site d’une encyclopédie à la traine car la belle retenait encore les chevaux de son savoir dans ses magnifiques livres de papier. Il est vrai que toute notre société a été vraiment secouée comme un prunier par ces révolutions continues pour repenser l’information, son accès et son prix. Et aujourd’hui mon moteur de recherche favori me fait penser que peut-être un jour nous n’irons plus chercher nos résultats au-dessous de sa suggestion d’IA.

En attendant, j’en viens à cette belle chose qu’est la promenade, même virtuelle : investiguer par soi-même, c’est se perdre dans une foule de sites aux idées géniales, aussi un peu farfelues, parfois poétiques, et en ressortir avec une expérience riche qui rend une matière brute de notre humanité. Un peu comme dans la vie. Un peu comme dans une bibliothèque. En revenant chez soi, la tête pleine d’images, on se fait alors une sorte de réminiscence douce, consciente et semi-consciente et surtout personnelle et fine; une synthèse naturelle. Et cette synthèse là, elle restera somme toute toujours bien différente du premier résultat de mon moteur de recherche favori de ce matin.

Bonne journée

Marie


Illustration : Montage photo artisanal réalisé par mes soins

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