contemplation

À Genève, il existe tant de promenades délicieuses à s’offrir le long des cours d’eau. L’une de celle que j’apprécie et qui m’a été récemment rappelée, démarre depuis Plainpalais, non loin du bâtiment de la Télévision. Elle continue sa route en longeant le bord de l’Arve jusqu’à la Jonction. De là, nous pouvons rejoindre le bois de la Bâtie et le Rhône, et suivre de petits sentiers jusqu’à Cartigny, ou Aire-la-ville.

Ce sont de petits chemins de pierre ou la nature est abondante d’arbres, d’arbustes et d’oiseaux. On y croise aussi quelques humains ; des coureurs, des familles, chacun venant se ressourcer dans ce lieu si proche de la ville et pourtant donnant ce sentiment libérateur d’en être un peu sorti.  Et si l’on se met à chanter, on pourrait avoir la chance de voir un martin-pêcheur se planter sur une branche pour nous répondre. Il y a aussi à voir le castor d’Europe, et le héron cendré; ce grand échassier gris et blanc présent toute l’année sous nos latitudes. Et au fond du Rhône, invisibles et calmes, ondulants entre les cailloux et la vase, vivent les brochets, ces poissons des profondeurs solitaires.

La beauté de ce lieu proche de l’eau réside dans le fait qu’il permet de se remplir de nature. C’est un poumon d’eau et de chlorophylle. Quand on entre sur ses chemins, on se sent embrassé par l’énergie de la verdure. Et si un avion passe au-dessus de nos têtes, cela reste une chose tolérable lorsqu’on est absorbé dans la contemplation de l’étendue verte émeraude du Rhône, qui coule lentement et largement entre les deux rives.

C’est l’occasion de méditer et de se ressourcer, et il est aisé de se reconnecter à soi dans ces instants. La beauté de certains lieux de la promenade dépasse les plus jolies photographies de lieux insolites ; on y sent la grâce naturelle et douce d’une lettre écrite de la branche d’un arbre qui caresse cette eau verte et sereine. Et dans la lumière calme, des reflets de lignes blanches strient le vert. Les ondes aquatiques se secouent d’émotions au moindre passage de la vie; l’envol du canard, le cortège de feuilles rouges emportées par les flots. Que c’est joli. Un poème mouvant, changeant au fil des expressions de la vie qui s’abrite et passe en ces lieux.

C’est rassurant aussi de pouvoir se promener tout en pensant qu’ il suffit de traverser une passerelle pour rejoindre le monde au milieu des bruits forts qui font la faune et la flore de la cité.

Entre les arbres et les fourrés, il y a de petits bancs simples taillés dans des troncs; on peut s’y asseoir et s’y reposer. Les oiseaux sont là, chantant doucement sur l’air qui caresse les joues; cet air s’emplit d’un doux parfum de terre et de nature, et parfois s’y mêle un parfum industriel venant remplir l’espace, comme rappel que nous sommes tout de même à proximité d’une grande agglomération.  

Cette grande étendue d’eau vaste et sereine procure aux yeux joie, calme et liberté de se relier aux éléments de la vie. Mais c’est depuis les cieux que cette eau est tombée sur les montagnes pour être neige puis descendre le long des vallées au printemps. Elle s’enfile alors, fraîche et vive, par tous les interstices des vallées, dégringolant joyeusement dans les parois de mousses et de roches, rejoignant de ruisseaux en ruisseaux – et par le chemin le plus court-, le Rhône. Ce jeune fleuve fougueux se canalise alors dans les plaines du Valais ou il continue sa route jusqu’au lac Léman.

Et puis là, il se marie aux eaux vastes des profondeurs du lac, puis redevient lui-même à sa pointe sud-ouest; Genève. De là, il repart alors, serpentant en large et sinueuse voie son chemin vers la France. Et dans ces eaux, il y a un voyage, un clapotis qui traverse le temps, qui est bu et qui nous remplit, allant inlassablement des cieux à la mer. Et de la mer, aux cieux.

Texte et images : @autourdunefleur

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