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La confiance que l’on se porte

C’est un thème constant qui revient bien souvent dans mes cours que celui de la confiance dans le professeur. C’est un thème pertinent quand on est élève puisqu’on se demande à qui on a à faire et si on peut accorder notre confiance, d’autant qu’on ne connaît pas le domaine dans lequel on met les pieds. C’est donc avec prudence qu’on avance, questionnant celui ou celle qui nous enseigne dans le but de se sentir en sécurité.

J’ai pour ma part une approche très simple grâce à mes professeurs qui m’ont beaucoup aidée. Ils m’ont toujours montré comment aller doucement. Comment commencer de là ou nous sommes. Alors lentement on avance avec nos corps vers les postures. Et un jour, nous arrivons vers la posture du pigeon. Ou nous arrivons un jour vers la posture du guerrier. Mais rien ne presse, et d’ailleurs rien ne nous oblige à faire ceci, ou cela. Le chemin part de l’ancrage de nos deux pieds au sol, et puis le reste devient une danse d’amplitude qui se fait naturellement.

La logique serait de penser qu’il existe une posture à atteindre et que finalement, nous devons arriver à cet endroit précis, point final. Et que seule la démonstration de réussite de cette posture, qui a un nom bien défini « comme sur la photo », PROUVE donc légitimise notre place au cours. Dans cette vision là des choses, on cherche un idéal très difficile à atteindre. Mais dans le réel, tout se fait bien mieux par petites touches, des petites avancée, des petits pas, des progressions reliées avec la vie, le temps, la nature, notre cœur et notre corps.  Alors nous sommes loin des compétitions et des postures acrobatiques. Un bel exemple est mon professeur de yoga, Paulie Zink; jamais il ne cherche à briller dans son art ; son enseignement est un enseignement qui se veut accessible à tous, alors il se met à notre niveau, et nous montre des choses que nous pouvons réellement faire pour progresser. C’est différent.

C’est un petit peu comme si il y a un homme sur une montagne et qu’entre lui et nous, il y a une mer avec des crocodiles. Le professeur qui « performe » danse devant nous et nous invite à venir le rejoindre. Alors plouf on saute dans la mer, tentant de lutter contre les dangers, mais beaucoup d’entre nous finissent mordus par un crocodile (blessures, abandon, découragement etc.). Alors c’est mieux quand l’érudit descend de sa montagne aussi bas qu’il le peut et regarde ce qu’il pourrait nous envoyer comme morceau de bois pour qu’on se fabrique un radeau. Et puis de nous apprendre depuis son ile à faire des nœuds pour bien attacher notre radeau. Et nous montrer le ciel et nous apprendre à observer les saisons pour choisir le bon moment pour traverser. C’est de l’empathie, et c’est cette empathie dont on à tous tellement besoin.