Eloge de la douceur

« Il y a tant à faire à partir du point ou nous nous trouvons pour avancer vers du mieux, il y a tant à découvrir. « 

Nerveuse de nature, je cours plus que je ne marche. C’est une chose plutôt pratique dans les registres des corvées, mais peu utile quand il s’agit d’être présent.

J’ai dû me blesser si souvent pour arriver à un peu mieux m’écouter. Mais c’est un processus, un élan normal dans l’apprentissage de l’écoute de soi. Je travaille encore à désapprendre ces automatismes scolaires qui m’ont enseigné à recopier sans avoir le temps de comprendre, à apprendre par cœur sans chercher à questionner en profondeur, à tolérer d’être jugée et juger les autres dans un esprit compétitif.  Vous le dites souvent cher Master ; faire trop nous empêche d’avancer, laisser le temps faire et on le gagne. Vous le dites autrement, mais le sens y est.

Et le yoga c’est un art qui prend du temps. D’abord parce qu’il faut s’intéresser et s’investir dans une pratique régulière. Et même si l’on n’arrive pas à toucher son nez avec son orteil ou se gratter l’oreille avec le pied, le plus ardu à mon sens est d’arriver à s’écouter complètement. Mais malgré cette difficulté, on peut avoir de la tendresse pour soi, et un peu sourire à cette part si impulsive, volontaire et maladroite. Cette part encore très enfantine en nous, quel que soit notre âge. On peut l’aider et lui prendre la main, l’aider à être bien ici dans le présent, et à l’écoute de ce que l’on peut vraiment faire.

Il y a tant à faire à partir du point ou nous nous trouvons pour avancer vers du mieux, il y a tant à découvrir. Puissions-nous avec le temps mieux nous écouter. Puissions-nous soutenir ces vulnérabilités que nous avons.

NB: il peut y avoir des sujets que je traite plusieurs fois, c’est normal car c’est un journal de bord et je traverse des phases et des expériences dans ma pratique qui me font penser à ces sujets, qui tant qu’ils sont vivants en moi sont en progression. Il y a donc du sens à ce qu’ils réapparaissent.

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Praise of gentleness and slowness

« There is so much to do from the point where we are to move towards the best, there is so much to discover. »

Nervous by nature, I run more than I walk. It’s a pretty handy thing in the chore, but not very useful when it comes to being present.

I had to hurt myself so many times to get to listen to myself a little better. But it is a process, a normal momentum in learning to listen to oneself. I am still working to unlearn these school automatisms which taught me to copy without having the time to understand, to learn by heart without seeking to question in depth, to tolerate being judged and to judge others in a competitive way. You often say it dear Master; more you do less you progress, doing too much prevents us from moving forward, let time do its thing and we win it. You say it differently, but I think the meaning is there.

And yoga is an art that takes time. Firstly because we have to be interested and invest in a regular practice. And even if we can’t touch our nose with our toe or scratch our ear with our foot, the most difficult thing in my opinion is to manage to listen to ourself completely. But despite this difficulty, we can have tenderness for ourselves, and smile a little at this impulsive, voluntary and clumsy part. This still very childish part in us, whatever our age. We can help him and take his hand, help him to be here in the present, and to listen to what we can really do.

There is so much to do from the point where we are to move towards the best, there is so much to discover. May we listen ourself better over time. May we support these vulnerabilities that we have.

NB: there may be subjects that I deal with several times, this is normal because it is a diary and I go through phases and experiences in my practice that make me think of these subjects, which as long as they are alive in me are in progress. So it makes sense for them to reappear.

Photo par Jesse Schoff