Notes sur le livre d’Eva Wong

Taoïsm – an essential guide

Page 7: La préoccupation du taoïsme avec les aspects de la santé physique a inspiré le développement de techniques afin de cultiver le corps. La plus célèbre de ces technique est le ch’i-kung, ou le travail avec l’énergie. Certaines techniques de ch’i-kung sont des exercices de respiration; d’autres impliquent des massages de différentes parties du corps; certaines sont des postures statiques un peu semblables à celles du hatha yoga; et certaines incorporent des méthodes de circulation de l’énergie au travers d’activités naturelles comme se coucher, se lever, marcher et dormir. Une autre méthode pour cultiver le corps est connue comme le changement de tendon. Cette technique aurait été introduite par Bodhidharma, le bouddhiste, dans les temples Shaolin au 4ème siècle avant JC. Définie pour renforcer et relaxer les muscles, tendons et ligaments, ces exercices étaient originellement utilisés par les moines bouddhistes pour les préparer à leurs longues sessions de zazen, ou méditation assise. Ces techniques étaient adoptées par les Taoïstes qui ont vu en elles leur valeur pour renforcer la musculature et le système squelettique. Les arts martiaux internes comme le t’ai-chi ch’uan et pa-k’hua chang, sont aussi des méthodes de culture du corps. Ces systèmes de mouvements sont destinés à corriger une posture de corps malsaine et faciliter la circulation naturelle de l’énergie.

page 21: Dans cette période de 500 ans avant JC ont vécu les plus grands philosophes que la Chine et que le monde n’ait jamais connu: Confucius et Mencius, les tenants de l’ordre social et de la vertu: Mo-tzu le philosophe de l’amour universel et du sacrifice de soi; Han-fei-tzu, le juriste; Kung-sun Lung le sophiste; Sun-tzu le statège militaire; et les géants de la pensée Taoïste; Lao-tzu, Chuang-tzu et Lieh-tzu.

Page 22: Tandis que beaucoup étaient attirés par la reconnaissance et le pouvoir, certains avaient véritablement la vision de construire une meilleure société et essayaient de conseiller les dirigeants afin qu’ils soient vertueux et bienveillants. Confucius était l’un d’eux, Lao-tzu était l’autre.

Page 25 : Le message du Tao-te ching est : Cultiver les qualités mentales et physiques de la sagesse: sois impliqué et aide d’une façon non-intrusive; retire-toi quand le travail est terminé.

Le Tao-te ching valorise les qualités chamaniques et de le pouvoir personnel mais il ne partage pas la vision du monde animiste du chamanisme. Plutôt que d’accepter un monde composé de divers esprits, il voit le Tao comme une force unifiée et innommable comme étant la réalité sous-jacente à toutes choses. En abandonnant le monde chamanique des esprits et conservant le pouvoir personnel du chamane, le Tao te ching représente une transition en partant des croyances chamaniques pour aller vers un système philosophique et une vision unifiée quand à la nature de la réalité (le Tao), la sagesse et la cultivation de la vie.

Page 32: Chez les premiers Han, le fang-shih peut être divisé à environ 2 groupes: ceux qui sont spécialisés dans la magie, la divination et la guérison, et ceux qui sont spécialisés dans l’art de la longévité et de l’immortalité.

Page 33: Il existe deux sortes de sanctuaires dans la culture chinoise : celles qui honorent les ancêtres et celles qui honorent les pouvoirs sacrés. Puisque Lao Tseu n’était pas un ancêtre des Empereurs Han, nous devons conclure que c’était en tant que pouvoir sacré qu’il était honoré. Donc, Lao Tseu avait été transformé d’une figure historique en déité, ou pouvoir sacré. Cela ne signifie pas cependant que Lao Tseu était adoré de la façon par laquelle on adore dans les religions judéo-chrétiennes. Dans la culture chinoise, la manière d’offrir aux pouvoirs sacrés n’est pas équivalent à les adorer. Les cérémonies d’offrandes dans les sanctuaires ont emmené beaucoup d’occidentaux à croire que les chinois adoraient leurs ancêtres. Il s’agit d’une mauvaise compréhension. On se souvient des ancêtres et on les honore avec des offrandes, ils ne sont pas adorés. De la même manière, faire des offrandes aux pouvoirs sacrés est une manière de les honorer et les remercier pour leur protection et leur aide.

Page 36: Dans les mains de Chang Tao-ling, le Taoïsme est devenu une religion. Il avait un fondateur, Lao-Tzu, qui en tant que T’ai-shang Lao-chün était ainsi sa déité cheffe. Il a eu les débuts d’une direction sacerdotale, Chang Tao-ling et ses fils se faisant appeler les Enseignants Célestes et devenant les médiateurs entre les divinités et les croyants.

(…) Le premier événement fut l’apparition d’un livre, le T’ai-p’ing ching (Le livre de la Paix et de l’Equilibre), la première écriture connue « révélée » dans le Taoïsme. (…) Il contenait une théorie de la création de l’univers, il souligne l’importance des cérémonies et de la discipline; il décrit un système de récompense et de punition; et plus important, il associe la santé et la longévité avec les observances religieuses. Le second événement qui a contribué au succès des descendants du Chang Tao-ling’s était la popularité de la magie talismanique parmi presque toutes les classes sociales.

Page 44 (La montée du taoïsme mystique (300-600 cs): Le monde du Taoïsme de Shang-ch’ing : un monde ou les gardiens spirituels vivent à l’intérieur du corps; un monde où les mystiques s’envolent vers le ciel et voyagent parmi les étoiles : un monde où les gens absorbent l’essence du soleil et de la lune pour cultiver l’immortalité : un monde où la plus haute réalisation dans la vie est de fusionner avec le Tao dans la béatitude et l’extase…

Page 47 (Les prédécesseurs du Taoïsme Shang-ch’ing): Le Taoïsme Shang-ch’ing est réputé pour avoir été fondé par Madame Wei Hua-ts’un durant le début de la dynastie Chin. Lady Wei a reçu une révélation des Gardiens du Tao (les déités) et a transmis leurs enseignements dans un livre appelé Shang-ch’in huang-t’ing nei-ching yü-ching (the Yellow Court Jade Classic of Internal Images of the High Pure Realm) en 288 CE.

(…) « Si le corps est immobile et l’esprit est retenu à l’intérieur, alors la maladie ne va pas se multiplier. Vous aurez une vie longue car les esprits brillants vous protègent. »

(…) « Si les gens peuvent cultiver l’esprit (le Tout), ils ne vont pas mourir. Par *esprit », j’entend les esprits des cinq viscères. Dans le foie réside l’esprit humain, dans les poumons est l’âme, dans le cœur il y a la graine de l’esprit immortel, dans la rate se loge l’intention et dans les reins vit l’énergie de génération. Si ces cinq viscères sont blessées, alors les cinq esprits vont partir. » (Ho-shang Kung’s Commentary on the Tao-te ching).

Page 48: Lady Wei était la fille d’un prêtre de haut rang du Taoïsme des Enseignants Célestes et fut elle-même initiée à l’ordre sacerdotal. Yang Hsi et Lady Wei venaient du même comté et leurs familles, Yang et Wei, avaient une amitié de longue date. Quant à Hsü Hui et Hsü Mi, le père et le fils, ils étaient liés par alliance à la célèbre famille Ko, dont les membres étaient connus pour leurs expériences alchimiques et leur expertise dans l’art de la longévité. Deux des membres les plus connus de la famille Ko étaient Ko Hung, qui a écrit le P’ao-p’u-tzu (Le Sage qui embrasse la simplicité), une encyclopédie Taoiste, et Ko Hsüan, qui a joué un rôle déterminant dans la compilation des écritures du Ling-pao. Là, deux familles, Ko et Hsü, étaient également liées par le mariage à une autre famille établie de la région, la famille T’ao. Plus tard, dans les dynasties du Sud, un descendant de la famille T’ao, Tâo Hung-ching, deviendra l’un des plus grands érudits et praticiens du taoïsme Shag-ch’in.

Page 49: (…) La première forme de taoïsme Shang-ch’ing incorporait de nombreuses croyances et pratiques du taoïsme des enseignants célestes. (…) Cependant, deux caractéristiques du taoïsme Shang-ch’ing le distinguaient du taoïsme des enseignants célestes. La première était la croyance que Garder l’Un et encourager les divinités gardiennes conduiraient à la santé et à la longévité : les membres orthodoxes de la Voie des Enseignants Célestes n’étaient pas favorables à cette notion de Garder l’Un comme méthode pour atteindre la santé : ils soutenaient que les talismans et les incantations étaient le moyen de guérir la maladie. Le deuxième trait séparant le taoïsme Shang-chi’ing du taoïsme orthodoxe central était l’utilisation de talismans : les enseignants célestes utilisaient des talismans pour guérir la maladie, l’exorcisme et la protection contre les esprits malveillants, alors que les taoïstes Shang-ch’ing les utilisaient principalement pour invoquer et visualiser les divinités à l’intérieur du corps et pour voyager vers d’autres domaines d’existence.

Au fil du temps, ces différences entre les deux formes de taoïsme ont éclipsé leurs similitudes, et le taoïsme Shang-ch’ing a commencé à s’éloigner du taoïsme des enseignants célestes et est devenu une lignée unique et distincte.

Page 53-54: A l’époque de la mort de T’ao Hung-ching’s, Le Taoïsme Shan-ch’ing était devenu une tradition spirituelle avec une théorie sophistiquée à propos du corps humain et de l’univers extérieur, et avait développé un panthéon de divinités et leurs tâches administratives, des techniques de longévité avec une base scientifique en phytothérapie et en minéralogie, une technique de méditation basée sur la visualisation et la transformation interne, et une documentation de l’expérience spirituelle. Sa forme de taoïsme Shang-ch’ing est devenue connue sous le nom d’école Mao-shan Shang-ch’ing (une école à ne pas confondre avec la secte de sorcellerie Mao-shan qui a émergé sous la dynastie Ming) et elle a été enseignée dans dans les centres d’études au travers de Mao-shan, à la fois de son vivant et après sa mort. Les centres taoïstes de Mao-shan furent les premiers du genre, et ils devinrent le modèle des retraites et monastères taoïstes qui fleurirent sous les dynasties Sung, Yüan, Ming et Ch’ing.

Page 54-55: L’univers intérieur
Dans le Taoïsme Shang-ch’ing, le corps humain est un univers rempli de déités, d’esprits et de monstres. Le mot chinois pour déité et esprits est le même (shen).

(…) Le Un. Dans l’univers intérieur Shang-ch’ing, la déité la plus importante est appelée le Un. C’est le Tao à l’intérieur de nous; la vapeur primordiale indifférenciée qui nous maintient en vie. Parfois, cette déité est appelée le fœtus sacré d’immortalité. Garder le Un en nous, c’est se lier au Tao. Embrasser le Un est se relier et nourrir le fœtus sacré, comme une mère est reliée à son enfant et le nourrit,

Les trois. Ce sont les trois gardiens suivants les plus élevés dans le corps. Ils sont appelés « San-yüan », ou les Trois Premiers. Les San-yüan sont des émanations de l’unité indifférenciée du Tao. Dans le corps, ils sont énergies génératrice, vitale et spirituelle. Ces énergies et leurs gardiens résident dans les trois tan-t’iens (champs d’elixir) :

  • L’énergie spirituelle est la plus haute manifestation de l’Un. Elle régit toutes les activités de l’esprit, incluant les potentialités d’illumination de l’esprit. Elle et ses gardiens résident dans le tan-t’ien du haut dans la région entre les yeux dans une partie du corps appelée Le Royaume Céleste.
  • L’énergie vitale est l’énergie associée avec la respiration. Elle et ses gardiens résident dans le tan-t’ien du centre, localisé dans la région du cœur, dans un endroit du corps appelé le Royaume Terrestre.
  • L’énergie générative est responsable de la procréation. Elle et ses gardiens résident dans le tan-t’ien du bas, juste au-dessous du nombril. Cette partie du corps est appelée le Royaume de l’Eau.

Page 56: Les monstres résident dans le corps. Ils vivent dans les vacuités proches des trois portes qui longent la colonne. Chaque porte est associée avec un tan-t’ien et contrôle ses activités. (…) Les monstres ont la capacité de fermer les portes et affecter le niveau d’énergie du tan-t’iens.

Page 57: Les praticiens Taoïstes jeunent et s’abstiennent de consommer des grains. Un autre chemin pour éradiquer les monstres est de garder l’esprit tranquille et supprimer les tentations.

(…) Il y a des chemins d’énergie dans l’univers intérieur qui connectent les différentes parties du corps. (…) Le chemin commence en haut de la tête et descend le long du front jusqu’au tan-t’iens du haut entre les yeux. Il continue son chemin en descendant le long de la gorge jusqu’au tan-t’iens du centre. A partir de là, l’énergie coule dans le tan-t’iens du bas pour nourrir le fœtus sacré (la graine d’immortalité). Quand le fœtus est complètement formé, le praticien atteint l’immortalité. Le corps devient léger et il s’envole vers le ciel pour rejoindre le soleil, la lune et les étoiles dans le Royaume de la Grande Pureté. (Shang-chi’ing).

L’univers extérieur Shang-ch’ing est habité par de nombreux esprits et déités. Les plus importants vivent dans le soleil, la lune et les étoiles. Pour les Taoïstes Shang-ch’ing, les corps célestes sont les manifestations de la vapeur primordiale du Tao, et l’essence du Tao est portée dans leur lumière. Ainsi, absorber l’essence du soleil, de la lune et des étoile c’est avaler l’énergie du Tao.

Selon le Taoïsme Shang-ch’ing, le soleil contient l’essence de l’énergie yang et la lune est le vaisseau de l’énergie yin. Pour absorber l’énergie du soleil, l’adepte du Sang-ch’ing visualise le soleil voyageant de la bouche au coeur, fusionnant avec la lumière interne des tan-tien à des moments précis de l’année. Lorsqu’une chaleur se fait sentir dans le cœur, le pratiquant récite une courte invocation demandant aux divinités de hâter cette unité afin que la pilule immortelle puisse être complétée. Une autre méthode pour absorber l’essence du soleil est de regarder à l’est trois fois dans la journée et visualiser le large disque du soleil et ses rayons briller depuis le cœur, monter vers la gorge, au travers des dents et puis retour vers l’estomac.

Pour absorber l’essence yin de la lune, à minuit l’adepte visualise la lune au sommet de la tête et canalise les rayons de la lune dans l’estomac : alternativement, le praticien visualise la lune dans le tan-t’ien supérieur et dirige le brins de lumière blanche pour entrer dans la gorge, et de là dans l’estomac.<

L’étoile polaire et la constellation de la grande Ourse sont des corps célestes importants. Ils abritent les divinités qui contrôlent la longévité et le destin, et les pratiquants du Shang-ch’ing ont développé des cérémonies, des talismans, des invocations et des montras pour leur demander protection.

Brume, nuage et rosée : les adeptes du Shang-chi’ing ont pour consigne de les absorber en inhalant de manière spécifique à l’aube lorsque ces vapeurs sont présentes.

Page 59: L’absorption de l’essence du soleil, de la lune, des étoiles et des vapeurs implique une unité avec le microcosme du corps et le macrocosme de l’univers. Une fois que la division entre le Tao du dedans et le Tao du dehors est dissoute, le praticien peut fusionner avec l’énergie sous-jacente de toute chose, puiser de la nourriture à la source de la vie même, et atteindre l’immortalité.

(…) L’ascension représente l’union finale, quand le praticien laisse le royaume des mortels pour toujours pour devenir un immortel dans le dans le Haut Royaume Pur.

Lectures proposées: Eva Wong conseille, pour lire le Tao-tê Ching, de choisir la version traduite par Wing-Tsit Chan car elle conserve la simplicité et la clarté du texte original. On le trouve dans le livre « A Source Book in Chinese Philosophy ».

Image : Kourosh Qaffari