J’ai envie d’écrire aujourd’hui sur les animaux. Parce que votre enseignement est richement habité par ces postures qui sont à la fois bienfaisantes, rigolotes et créatives. Mais si l’on s’y attarde un peu, on se rend compte qu’elles ont un pouvoir bien plus vaste et plus grand que la seule apparence ; elles nous donnent à repenser notre relation au monde, et au vivant, et notre relation en tant que mammifère au monde animal. Vous nous rappelez souvent que pour grandir dans une posture, se sentir « habité » par l’esprit de l’animal est le chemin. Vous dites aussi que nous sommes connectés à tous les animaux, comme tout est connecté par un lien profond dans le monde vivant. Je pense qu’il y a là une telle matière à réflexion et à étude que je pourrai pratiquer longtemps pour intégrer vraiment cela.
Cela vient questionner mon rapport aux animaux et à la vie, car il a changé au fil du temps. Disons qu’au point zéro de ma vie, je devais sans doute être comme un petit singe, aimer mettre dans ma bouche des coccinelles et des petits insectes. Ensuite ce rapport aurait dû s’attendrir et devenir respectueux par une éducation sociale et scolaire adaptée. Malgré une famille végétarienne et pacifiste, mon milieu social et mon époque on fait que mon rapport aux animaux s’est détérioré. L’école n’enseignait pas l’amour et la tendresse pour le monde animal ; il était normal de tuer, d’avoir des boucheries, de vivre séparé des autres êtres vivants de la planète. On nous disait que les animaux ne ressentaient pas la douleur, qu’ils n’étaient pas intelligents. Je comprends que l’homme a dû conquérir des territoires contre un certain nombre de prédateurs, mais il continue à avoir une attitude de peur et de méfiance au lieu de développer une relation bienveillante et prudente avec le reigne du vivant.
J’aurais franchement adoré que l’on m’apprenne à l’école tout ce que j’ai dû apprendre par moi-même tardivement, comme par exemple qu’une vache est un être profondément sensible et lumineux et qu’elle adore vraiment la musique, qu’une biche apprend à ses petits à ne pas manger certaines plantes toxiques et au contraire à en manger certaines autres qui ont des vertus bienfaisantes, qu’une oie a un sens aigu du territoire et un cœur loyal, qu’une poule aime plus que tout recevoir de l’amour et des bisous, qu’un cheval peut réparer un cœur sans confiance brisé, qu’une fourmilière est une structure merveilleuse d’organisation, que tous les êtres vivants sont précieux et merveilleux sur notre terre. J’aurais aimé apprendre ces belles choses tôt, et j’espère en découvrir encore beaucoup d’autre afin de faire évoluer continuellement mon regard émerveillé sur notre monde.
The animals
I want to write today about animals. Because your teaching is richly inhabited by these postures which are at the same time beneficial, funny and creative. But if we dwell on them a little, we realize that they have a power much broader and greater than mere appearance; they make us rethink our relationship to the world, and to the living, and our relationship as a mammal to the animal world. You often remind us that to grow in a posture, feeling “inhabited” by the spirit of the animal is the way. You also say that we are connected to all animals, as everything is connected by deep connection in the living world. I think there is such food for thought and study that I could practice for a long time to really integrate this.
This questions my relationship to animals and to life, because it has changed over time. Let’s say that at point zero of my life, I must have been like a little monkey, like to put ladybugs and small insects in my mouth. Then this relationship should have softened and become respectful through appropriate social and school education. Despite a vegetarian and pacifist family, my social background and my time caused my relationship with animals to deteriorate. School did not teach love and tenderness for the animal world; it was normal to kill, to have butcheries, to live separated from other living beings on the planet. We were told that animals did not feel pain, that they were not intelligent. I understand that human has had to conquer territories against a number of predators, but he continues to have an attitude of fear and distrust instead of developing a caring and careful relationship with the kingdom of the living.
I frankly would have loved to have been taught at school everything that I had to learn on my own late, such as for example that a cow is a deeply sensitive and luminous being and that she really adores music, that a deer teaches its young not to eat certain toxic plants and on the contrary to eat certain others which have beneficial properties, that a goose has a strong sense of territory and a loyal heart, that a hen loves more than anything to receive love and kisses, that a horse can mend a broken trust heart, that an anthill is a marvelous structure of organization, that all living beings are precious and marvelous on our earth. I would have liked to learn these beautiful things early, and I hope to discover many more in order to continually evolve my gaze of wonder on our world.
Photo par Ahmed Zayan
