Être d’accord avec soi, c’est un bon sentiment. Trouver ce centre ou il n’y a plus de distance entre notre être et nous; ou il n’y plus de violence qui vient nous séparer de notre joie.

En yoga, la notion est importante, mais dans la vie aussi. Simple à comprendre mais très difficile à mettre en œuvre dans notre monde. Souvent, on est d’accord avec soi et puis soudain quelqu’un, ou quelque chose vient nous perturber dans cet accord que nous avions trouvé et nous perdons cette harmonie, nous perdons cet accord avec nous-mêmes que nous avions trouvé.

L’harmonie parfaite n’est pas faite pour durer, puisque nous sommes au monde, et qu’au monde, nous sommes tous en permanence obligés de changer de posture, de changer de lieu, de changer de relations, de changer de saison, de changer d’époque. Chaque changement est indélicat, voire insupportable à notre stabilité, à notre confort. Nous allons ainsi de confort en perte d’harmonie puis en quête de confort pour retrouver une nouvelle harmonie, jusqu’à ce qu’il faille à nouveau s’en séparer. Ce jeu est infini et il continue aussi longtemps que nous sommes dans le temps. Parfois, on renonce à abandonner le lieu ou exista l’harmonie parce qu’on espère qu’elle reviendra, mais je crois qu’il faut juste accepter de changer, et ces temps de changement, s’il ne sont pas harmonieux pourront au moins, être bienfaisants, agréables, et des outils, des promesses d’un demain encore plus fluide et plus harmonieux. C’est comme dans la tempête, si on reste accroché à un arbre et que l’ouragan se rapproche, il vaut mieux lâcher l’arbre sécurité pour s’enfuir ailleurs, et le temps de trouver un nouvel abri est très inconfortable.

En yoga, quand on passe d’une posture à une autre, la transition dans la plupart des écoles et disharmonieuse. Dans les enseignements de Maître Paulie, tout se fait en toute fluidité. Ainsi pour lui, le mouvement, même les changements, et bien tout devient une danse, devient une façon d’être au monde. Être en accord avec soi, dans ce cas, devient simplement le fait d’apprendre à bouger avec le changement, en étant dans cette fluidité de celui qui ne connaît pas le dehors, le futur ou le décorum de sa scène à l’avance, mais connaît le bruit du vent, connaît la sensation d’un élément rugueux ou doux, connaît ses pieds et son équilibre, et adapte le poids qu’il met au sol pour marcher en fonction de chaque contexte.

Alors, être en accord avec soi, cela devient l’art de rester dans son centre harmonieux lorsque les choses changent. Parfois, c’est difficile, par exemple si on est malade. Comment accepter d’être en accord avec soi, d’être dans son centre harmonieux quand on souffre ? Il n’y a pas de recette, il n’y a pas de solution qui soit la meilleure, peut-être qu’une piste est de juste retrouver l’harmonie maximum de là où nous nous trouvons et de ne pas trop se comparer. Juste essayer d’être en équilibre sur ce nouveau sol, c’est le début de l’harmonie.

Photo by Patrick Fore