Le lâcher-prise, une activité à temps plein

Lorsque l’on parle de lâcher prise, c’est difficile d’imaginer ce que cela sous-tend. Pourtant, la richesse de ce mot est inépuisable tant il contient de trésors. 

Pour moi, le mot lâcher prise et suivre les rapides en canoë sont une métaphore… bien loin de nos stéréotypes contemporains sur ce que cela devrait être. Lorsque je cherche une illustration pour ce thème, on me propose des personnes dans des postures de relaxation. Mais le lâcher prise est un sujet vaste, et ce n’est pas seulement de la relaxation, loin de là, c’est une expérience mystique. On ne se relaxe bien que là ou il y a résistance et connaissance de sa propre résistance…

Dans le mot lâcher-prise, il y a le mot lâcher. Et ce mot lâcher, dans ce contexte, sous-entend qu’on lâche quelque chose qu’on retient. Dans le corps, nos muscles tendent à retenir, soutenir, aider à ne pas flancher et tomber tels des flaques d’eau au sol. Le travail de la vie est aussi un travail de retenue par nos muscles, d’endiguement pour combattre l’attraction terrestre pour que notre corps reste entier et un, comme un arbre qui pousse vers le ciel malgré l’attraction terrestre. Le lâcher contient donc un mot qui entre en opposition avec notre nature instinctive qui va toujours vouloir retenir, mettre les mains devant quand on tombe, nous permettre de ne pas nous blesser et rester entiers.

Donc la démarche de lâcher va à l’encontre de cet instinct si précieux et naturel. Et donc, lorsque l’on pratique le lâcher prise, on le fait comme on prendrait une dose homéopathique d’un médicament pour soutenir tout le travail naturel de résistance à la gravité qui opère le reste du temps. On le fait dans un contexte précis en mettant les 2 ingrédients indispensables pour que cette opération consciente soit possible: on met de l’attention et de l’intention. Donc le lâcher-prise, c’est un effort conscient d’écoute de notre intention qui relâche quelque chose de soi par le souffle, un quelque chose ou un endroit naturellement crispé. C’est assez simple en réalité car la fonction du muscle est double; soit il contracte, soit il se décontracte. Il n’a pas d’autre option que ces 2 états là, donc on ne peut pas se tromper; quand c’est crispé, on peut juste respirer pour essayer de lâcher et « entendre » le bruit que fait le muscle lorsqu’il cesse de Ωcombattre, de retenir. Prenez une épaule; ne vous a-t-on jamais suggéré de relâcher une épaule alors que vous étiez convaincus d’être hyper-relax, puis en respirant de découvrir que vous souleviez littéralement votre épaule de 2 cm grâce à vos muscles, et ceci en permanence? Et bien c’est la même chose dans tout le corps; nous avons des zones de crispations qui peuvent se relâcher par le souffle.

Et quand on peut se mettre à respirer dans un endroit par l’écoute et la conscience, et bien l’énergie peut y re-cicrculer. Et laissons à la nature la joie de faire le reste. L’une des raisons pour laquelle j’ai tellement de gratitude pour Maître Zink, c’est qu’il enseigne toutes les postures qui permettent d’accéder à ce type d’expérience.

A nous ensuite de les étudier, les pratiquer, n’est-ce pas…

J’aimerais rajouter enfin que ce mot « lâcher-prise » est souvent mal compris. Certains croient qu’il faut l’appliquer à des situations ou nous sommes malheureux; J’ai déjà entendu des personnes se demander si elles ne devraient pas « lâcher-prise » sur leur rêve tellement précieux de voyage et accepter la « réalité » (par exemple). Je dirais que ce processus que je connais de « lâcher-prise » s’applique aux résistances physiques et que pour la psyché, ce que je sais et que j’ai expérimenté, c’est que bien souvent ce qui se délie dans le corps se délie aussi dans l’esprit sans efforts. Et depuis cette nouvelle mobilité, cette nouvelle liberté, il y a aussi d’autres perspectives, d’autres manières de voir et d’autres idées qui s’installent. Pourquoi renoncer volontairement à quelque chose si cela provient du plus profond de notre coeur? Nous pouvons rencontrer l’opposition de la matière et des volontés extérieures, alors nous rencontrons la résistance autrement, mais ça c’est une autre histoire…

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Letting go, a full-time activity

When we talk about letting go, it’s hard to imagine what that means. However, the wealth of this word is inexhaustible as it contains so many treasures.

For me, the word letting and following the rapids in a canoe is a metaphor…far removed from our contemporary stereotypes of what it should be. When I look for an illustration for this theme, I found pictures of people in postures of relaxation. But letting go is a big topic, and it’s not only relaxation, far from it. It’s a mystical experience. One only relaxes well where there is resistance and knowledge of one’s own resistance…

In the word letting go, there is the word let. And this word let, in this context, implies that we let go of something that we are holding on to. In the body, muscles tends to retain, support, help not to flinch and fall like puddles on the ground. The work of life is also a work of restraint by our muscles, of containment to fight the earth’s pull so that our body remains whole and one, like a tree that grows skyward despite the earth’s pull. Letting go therefore contains a word that comes into opposition with our instinctive nature which will always want to hold back, put our hands in front when we fall, allow us not to hurt ourselves and remain whole.

So the process of letting go goes against this precious and natural instinct. And so, when we practice letting go, we do it as we would take a homeopathic dose of a medicine to support all the natural work of resistance to gravity which operates the rest of the time. We do it in a specific context by putting 2 essentials ingredients for this conscious operation to be possible: we put attention and intention. So letting go is a conscious effort to listen to our intention which releases something of oneself through the breath, a naturally tense something or place. It’s quite simple actually because the function of the muscle is twofold; either it contracts or it relaxes. He has no other option than these 2 states, so we can’t go be wrong; when it’s tense, you can just breathe to try to let go and « hear » the noise the muscle makes when it stops fighting, holding back. Take a shoulder; Have you ever been told to relax a shoulder when you were convinced you were hyper-relaxed, then on breathing to discover that you were literally lifting your shoulder 2 cm with your muscles, and this permanently? Well, it’s the same thing throughout the body; we have areas of tension that can be released by the breath.

And when you can begin to breathe in a place through listening and awareness, well the energy can re-circulate there. And let nature do the rest. One of the reason why I have so much gratitude for Master Zink is that he teaches all the postures that allow access to this type of experience.

It is then up to us to study, practice them, right…

Finally, I would like to add that this word « letting go » is often misunderstood. Some believe it should be applied to situations where we are unhappy; I’ve heard people wondering if they should « let go » of their cherished dream of travel and accept « reality » (for example). I would say that this process that I know of « letting go » applies to physical resistances and that for the psyche, what I know and have experienced is that very often what unties in the body also loosens in the mind effortlessly. And since this new mobility, this new freedom, there are also other perspectives, other ways of seeing and other ideas that are taking hold. Why voluntarily give up something if it comes from the depths of our heart? We can meet the opposition of matter and external wills, then we meet resistance otherwise, but that’s another story…

Photo par Anne Nygård