Le chemin pour aller vers la lumière

Il est un exercice assez étrange qui consiste à se baser sur le signe astrologique de quelqu’un pour penser le lien. Je ne sais pas vous, mais moi on m’a déjà demandé souvent de quel signe astrologique j’étais.

La plupart du temps, cette mise en boîte fait appel à des stéréotypes assez classiques, nous rangeant par traits de caractères plus ou moins élogieux selon les signes. Un signe en particulier tient la sellette de la cruauté, de la vengeance, et de toutes les pires saloperies que j’ai entendues. Le vénérable signe qui m’a vu naître, le Scorpion, est de ceux-là. Il délie les langues celui-là, laissant à ceux qui se disent fins connaisseurs tout l’espace d’une inspiration débridée pour qualifier les natifs dudit signe des plus insolites noms d’oiseaux. Par exemple, j’ai entendu que fâchés, nous étions des serial-killer. Bon. Puis le journaliste a rajouté que fâchés, on tuait en regardant droit dans les yeux. Bon bon bon.

J’avoue que cela m’a rendue profondément perplexe, car je n’avais jamais pensé que fâchée, je tuais. Fâchée je fâche, sans doute, et certes. Mais qui de fâché fait autre chose? Et je me suis rappelée mes propres inspirations à parler de ce Lion si noble, ou cette balance si mesurée, ce poisson tellement sensible et créatif. Bref. Je me parle à moi-même en jugeant cette Bulshitomania astrologique. Et j’ai pensé qu’en définissant de cette façon les gens selon 12 signes zodiacaux, on se rapprochait dangereusement de choses qui nous rendent franchement neu-neu.

L’étude du lieu des astres dans le ciel au moment de notre naissance peut nous donner quelques indications sur des points précis sur lesquels ont peut choisir de concentrer son attention, voilà tout. Mais le comportement, le ressenti avec l’autre restent si précieux. Et le temps qu’on a passé avec lui, ce qui a su se pardonner dans un conflit, ce qu’on a pu comprendre sur soi, sur l’autre. Et tout ce qui nous lie, de similaire, d’humain, de faillible, de non-fini.

Je me dis que ce qui rend un arbre si beau, c’est le chemin qu’il fait depuis sa naissance pour partir en quête de lumière. Le terrain ou la graine tombe est pur hasard. Et dans son périple, il se trompe, il veut faire bien et fait parfois mal, il veut faire du mieux et fait trop, il réussit, croît, puis touche malgré lui d’autres branches, il se mêle et s’entre-mèle dans une danse adaptative à d’autres, et se fraye un chemin comme ça, dans la vaste forêt de la vie.

Et si, par magie dans nos périples, nous arrivons à recevoir la lumière qui nous permet d’exister sans trop avoir abîmé au passage nos frères, c’est déjà beaucoup.

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