L’art de ne rien forcer

Cher Master, vous nous dites souvent que dans la pratique, il est essentiel de ne pas être dans une démarche de forçage. Vous dites que d’agir de façon mécanique et par la volonté n’est pas la bonne manière, mais plutôt d’écouter avec attention là ou nous en sommes, et partant de là, on peut jouer, répéter, fluidifier.. Dans ce que vous dites, j’entend qu’il y a cette confiance à donner à l’univers, qui œuvre de toute façon toujours au mieux, et que ce n’est pas en forçant que nous progresserons mais en laissant un espace disponible pour que la vie puisse agir sans nous. Que nous avons le droit d’être les observateurs, que nous ne détenons pas toutes les cartes du jeu et c’est tant mieux. Le Tao nous est enseigné par la voie du silence. Cet état me procure de la vérité, je ne sais pas comment dire, mais c’est de la joie qu’on ressent quand on est dans le juste. L’art de ce lâcher prise est un très beau chemin.

Récit imaginaire

Il parle à l’arbre :
« Tu es là et je passe devant toi. Je repasse encore. Je Te croise et je T’aperçois.
Je retourne. Je fais le tour de Toi. Et je repars déjà. Et je dis, oui, je suis allée Le voir. Mais qu’ais-je vu ?  Tu es là et j’ai déjà fait 15 allers-retours vers Toi, je les ai comptés. Et pendant que je comptais, Toi tu étais là, Immuable ; tu n’avais pas bougé. Tu es là avec toutes tes branches et tes racines qui sont guidées vers le soleil et la terre. Tu es là, et j’ai déjà acheté trois livres qui parlent de Toi, j’en ai écrit un aussi, mais je n’ai pas pris le temps de rester avec Toi une seule nuit entière. J’ai dessiné tes branches mais je n’ai pas gravi ton écorce pour m’asseoir comme un oiseau en silence sur toi. Je te vois avec mes yeux, mais mon cœur est sec et nu. Tu es là et tu es immobile, dans le vent. Je ne sais pas comment tu fais pour bouger comme ça, tu es si fluide, si beau, si juste, j’ai pas compris. »

Et l’arbre répondit :
« Ce qui m’anime petit homme, c’est ce qui t’anime. Ce qui me traverse, petite homme, c’est ce qui te traverse. Le vent. L’eau. Les nuages. Le chaud. Le froid. L’air. Le vivant. Cette force qui te traverse, et à laquelle tu résiste tout le temps, c’est celle qui m’anime et à laquelle je ne résiste pas. Je la laisse me traverser. Tu as si peur d’être traversé, de perdre ton contrôle, de ne plus savoir, pourtant ce n’est que dans cet état que tu sentiras SA grandeur infinie et rassurante. »

……….

The art of not forcing.
Dear Master, you often tell us that in practice, it is essential not to be in a forcing process. You say that to act mechanically and by will is not the right way, but rather to listen carefully to where we are, and starting from there, we can play, repeat, streamline… In this what you are saying, I mean that there is this confidence to be given to the universe, which anyway always works for the best, and that it is not by forcing that we will progress but by leaving a space available so that life can act without us. That we have the right to be observers, that we don’t hold all the cards in the game and that’s good. The Tao is taught to us through the path of silence. This state gives me truth, I don’t know how to put it, but it is the joy that one feels when one is in the right. The art of letting go is a very beautiful path.

imaginary story :
He speaks to the tree:
“You are there and I pass in front of you. I pass again. I meet you and see you.
I return. I go around You. And I’m leaving already. And I say, yes, I went to see Him. But what did I see? You are there and I have already made 15 round trips to You, I counted them. And while I was counting, You were there, Immutable; you hadn’t moved. You are there with all your roots and branches which are guided towards the earth and the sun. You’re here, and I’ve already bought three books about You, I’ve written one too, but I haven’t taken the time to stay with You one whole night. I drew your branches but I did not climb your bark to sit like a bird in silence on you. I see you with my eyes, but my heart is dry and naked. You are there and you are motionless, in the wind. I don’t know how you manage to move like that, you’re so fluid, so beautiful, so fair, I didn’t understand. »


And the tree replied:
“What drives me, little man, is what drives you. What goes through me, little man, is what goes through you. The wind. The water. The clouds. The hot. Cold. The air. The living. This force which crosses you, and which you resist all the time, is the one which animates me and which I do not resist. I let her cross me. You are so afraid of being crossed, of losing your control, of no longer knowing, yet it is only in this state that you will feel HIS infinite and reassuring greatness. »

Photo par Ash from Modern Afflatus