Les apprentis de la vie

Nous balançons souvent entre force et fragilité, entre gaieté et tristesse, entre opinion positive de nous-même puis opinion négative de nous-même.

Cette oscillation permanente entre des états opposés semblent souvent dépendre de l’extérieur ; une remarque positive va nous donner de la force et du courage, ou au contraire, un silence méprisant ou une remarque désagréable peuvent nous plonger dans le désarroi intérieur.

Beaucoup prônent le détachement de ce genre d’état de balancier, ils disent de ne s’attacher ni aux gentillesses que l’on nous fait, ni aux critiques négatives que l’on nous fait. C’est à mon sens un raccourci incompréhensible, voire impossible. Nous nous construisons précisément sur le regard des autres, sur leur amour et leur reconnaissance de qui nous sommes. Comment les nier tout en étant faits d’eux ? Impossible.

Et nous avons besoin de la jauge du bien et du mal, avant tout pour nous-mêmes de manière intime ; nous avons besoin de pouvoir reconnaître en nous nos erreurs, notre responsabilité, et en cas d’échec, ce que nous n’avons pas su faire ou dire au moment où nous aurions dû ou pu le faire. C’est important pour pouvoir reconnaître les choses pour faire mieux à la fois suivante. C’est précieux aussi pour éviter la croyance d’une toute puissance pour reconnaître notre vulnérabilité naturelle ; c’est normal d’être faillible.

Tant que nous n’arrivons pas à être notre propre observateur indépendant de ce qui est juste ou faux, bon ou mauvais dans nos agissements (pour moi ceux qui atteignent cet état sont de grands sages) nous subissons de plein fouet les vagues de l’opinion des autres ; nous sommes tour à tour des bateaux sans gouvernail balancés au gré des vents sur la mer des jugements des autres.

Alors parlons de gouvernail, parlons d’empathie.

Lorsque l’on vit une expérience, c’est d’abord quelque chose de secret ; on est en train d’apprendre. Si on est seul, il n’y aura pas de jugement sur l’expérience, juste une nouvelle connaissance. Donc, nous en sortons grandis d’un savoir de Vie, renforcés et plus sages. Le problème se situe donc dans le fait que les expériences de Vie ne sont pas valorisées pour le commun des mortels ; elles le sont peut-être chez un psychologue, mais entre nous, nous n’avons pas appris à parler le langage du cœur pour s’entraider, se soutenir ; comme lorsqu’on encourage un enfant à la 100ème fois qu’il tombe, avant de tenir sur ses pieds et bien, dans les moments où l’on se fourvoie, on a infiniment besoin des autres. Pas pour qu’ils nous plaignent, mais pour qu’ils soient là, conscients de la gravité et l’importance précieuse, unique ; qu’ils soient là de leur présence humble et respectueuse car nous sommes en train d’Apprendre.

Et nous sommes tous les apprentis de la Vie.

Photo by Simon Berger